Démarche et méthode

L'étude des métiers a été coordonnée par l'Aten, et réalisée par un bureau d'étude en collaboration avec les professionnels de la structure concernée, et de nombreux échanges et relectures avec le/la responsable des métiers de l'Aten. Il s'agit de :

  • répertorier les métiers possibles et les consigner dans des tableaux appelés "cartographies" ;
  • recueillir les informations nécessaires la réalisation et la validation des fiches métiers.

 Ce travail passe par une analyse des métiers selon plusieurs statuts :

  • les métiers ne nécessitant qu'une révision légère « à dire d'expert » ;
  • les métiers nécessitant une profonde révision ;
  • les métiers orphelins plus ou peu exercés dans le réseau concerné ;
  • les métiers nouveaux ou potentiellement nouveaux à vérifier ou à créer.

Outre l'expertise du bureau d'étude, il met également à contribution :

  • un comité de pilotage composé de l'Aten, la structure et le bureau d'étude ;
  • si besoin un ou des groupes de travail sur des domaines ou métiers particuliers ;
  • un panel de professionnels, titulaires des fonctions étudiées, à travers des entretiens.

Les fiches métier et fonction produites correspondent donc à une réalité tangible et objective à un moment donné, comme une photographie instantanée et sont donc toujours datées.

Du fait de l'évolution des métiers sur le terrain, une révision périodique des fiches est nécessaire.

Référentiel des métiers - actualisation 2016 : méthodologie détaillée

L’étude a été réalisée entre les mois de juin et de décembre 2016 par Akina Stratégies et menée en étroite coordination et parfois co-écriture avec Hélène Ruscassié, chargée d'études métiers à l’Aten (Atelier Technique des Espaces Naturels), structure qui rejoint l’Agence Française pour la Biodiversité au 1er janvier 2017.
L’objectif a été d’actualiser le référentiel des métiers de la biodiversité diffusé par l’Aten sur son site web.
La méthodologie retenue a consisté, en accord avec l’Aten, à travailler de façon progressive en 3 étapes successives.

Etape 1 : analyse des référentiels existants

La première étape a consisté à analyser les référentiels existants dans leur dernière version, qui constituent la base documentaire de l’étude, soit dans un ordre chronologique les référentiels des métiers :

  • Aires Marines Protégées de 2011
  • Parcs Nationaux de 2011
  • Grands Sites de France de 2012
  • Métiers de la biodiversité (1ere version) de 2012
  • Parcs Naturels Régionaux de 2013
  • Réserves Naturelles de France de 2013
  • Conservatoires d’Espaces Naturels de 2014
  • LPO France de 2015
  • Aten de 2015
  • Agents des terrains du Conservatoire du Littoral de 2016

Ce travail d’analyse en amont a permis  :

  • d’identifier les familles de métiers principalement observées dans l’ensemble des référentiels ;
  • de réunir certaines familles proches en vue de parvenir à une agrégation de données ;
  • d’identifier les métiers « repères » famille par famille que l’on retrouve dans la plupart, sinon la totalité des organismes / structures pour lesquels un référentiel existe ;
  • de localiser des métiers spécifiques à un organisme/ une structure.

Ce faisant, l’ensemble des métiers figurant dans les différents référentiels a été reporté sur un tableau unique, composé de 5 familles de métiers et de 2 sous familles liées à l’une des 5 familles et 3 types de fiches fonctions.

Nombre total de fiches identifiées : 296

Etape 2 : sélection de métiers représentatifs

Une deuxième partie de l’étude a consisté à établir une sélection de métiers parmi les métiers représentatifs de l’ensemble des référentiels (agrégation de fiches métiers), complété de métiers rares, voire orphelins, liés à un seul ou deux ou trois référentiels uniquement.
Ce travail a permis de repérer les occurrences et d’agréger les fiches métier entre elles, après des vérifications régulières dans le corps du texte des fiches concernées.
Cette sélection rigoureuse à fait l’objet de nombreux échanges et aller et retour entre l’Aten et le cabinet Akina Stratégies en charge de la mission. Certaines options ont été arrêtées plus tard, lors de la rédaction des fiches métiers, selon un travail progressif qui a permis de vérifier et valider les choix précédents pour la majorité des fiches métiers, et de les amender dans quelques cas.
L’objectif général visait la synthèse : il ne s’agit pas de lister l’ensemble des métiers existants, mais bien de définir les métiers « repères » de la biodiversité, ceux susceptibles d’intéresser tout candidat à ces métiers, et tout titulaire d’un emploi souhaitant bifurquer d’un organisme à un autre, voire évoluer au plan professionnel.

Nombre de fiches pré–retenues : 52 à 64

Etape 3 : rédaction des fiches métiers et fonctions

La troisième et dernière partie de l’étude a consisté à rédiger les fiches métiers et les fiches fonctions de ce nouveau référentiel des métiers de la biodiversité.
Ce travail a été effectué par comparaison et synthèse des fiches existantes et par différentes recherches bibliographiques. Dans certains cas, le travail a été complété par des entretiens téléphoniques ou des échanges par émail avec certains titulaires ou spécialistes du métier concerné, notamment dans le cadre de nouvelles fiches, dont à titre d’exemple :

  • Chargé(e) d’action territoriale
  • Administrateur(trice) des réseaux
  • Ingénieur(e) de formation
  • Animateur(trice) de réseau
  • Expert(e) biodiversité
  • Chargé(e) de collection
  • Gestionnaire de bases de données

Les fiches ont été travaillées sous une version 1 soumise à vérifications, puis rédigées sous une version 2, dite v2, elle-mêmes soumises à validation par l’Aten et Akina Stratégies. Les rubriques ont fait l’objet de différentes synthèses comme stipulé au cahier des charges de l’étude (4 missions principales maximum, 5 tâches maximum par mission principale, 5 données au maximum par type de compétence…), ceci afin de renforcer la spécificité et la force de chaque fiche métier. Il en a été de même pour les fiches fonctions.

Etape 4 : travaux complémentaires

Ces travaux ont été entrepris :

  • pour identifier les formations initiales associées aux fiches métiers (nouvelles et anciennes modifiées), parmi celles existantes dans le référentiel 2014 ? des métiers de la biodiversité ;
  • pour identifier, pour chaque fiche métier, une synthèse des activités repères (compétences clé), hiérarchisées selon l’importance, le tout formant généralement entre 5 et 20 activités repères.

Au final, après ajustements au cas par cas lors de l’avancement de la mission, le travail a abouti à 51 fiches métiers et 10 fiches fonctions dans le nouveau référentiel (42 dans l’ancien référentiel).

Parmi les fiches métier, le nouveau référentiel fait en particulier apparaitre :

  • des métiers récents ou émergents peu identifiés jusqu’alors (« Chargé(e) de partenariats », « Chargé(e) de vie associative », « Leveur(se) de fonds »…) ;
  • des métiers identifiés sous de nouvelles appellations

    (« Technicien en gestion des écosystèmes » ou « Technicien d’accueil sur site »…) afin de refléter les évolutions, de gagner en clarté et de faciliter la communication interne ou externe sur ces métiers ;

  • des métiers liés au développement de fonctions supports en lien avec les nouvelles technologies et les moyens d’information (« Gestionnaire de bases de données », ou « Urbaniste des SI ») ou le développement des banques d'objets naturalistes (« Chargé(e) de collection ») ;
  • des métiers du pôle compétences et ressources de l’Aten, en particulier « Animateur(trice) de ressources thématiques » ou encore « Ingénieur(e) de formation ».

Parmi les fiches fonctions, le nouveau référentiel fait en particulier apparaitre:

  • 3 familles différentes de fiches fonctions obéissant à des cadres différents : fonctions hiérarchiques et stratégiques de management, fonctions opérationnelles transversales (non associables à une famille particulière de métiers), fonctions règlementaires et électives.
  • De ce fait, un certain nombre de métiers de « management » figurant dans le précédent référentiel ont été scindés (exemple du Responsable d’ animation du patrimoine naturel et paysager). Le cœur de métier correspond à une fiche métier spécifique (ex : « Animateur(trice) »), la partie management de ce métier de Responsable d’ animation du patrimoine naturel et paysager renvoyant vers une fiche fonction hiérarchique et stratégique de « Responsabilité de pôle, service ou équipe ».
  • Seuls quatre métiers comportant une part importante de management ont été conservés dans la liste des métiers du fait de leurs particularités respectives : « Gestionnaire de site/Conservateur(trice) », « Chargé(e) d’exploitation assainissement », « Conducteur(trice) d’opérations » et « Conducteur(trice » d’opérations de dépollution ».

Le pilotage général de la mission, les relectures et validations ont été réalisés par Hélène Ruscassié pour l’Aten, Guy Castagné a exercé en tant que chef de projet, Adeline Charasse en tant que chargée d’études RH, Anne Rollin en tant que coordinatrice et Florent Lionnet en tant que contributeur pour le cabinet Akina Stratégies.

A l'origine de cette démarche...

La plupart des réseaux de gestionnaires d’espaces naturels disposent de référentiels métiers. En effet, depuis longtemps, les parcs nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles, conservatoires, rivages de France… se sont appliqués à cerner au mieux les contours des missions, fonctions, tâches, de leurs différents acteurs professionnels. Il restait cependant à repérer les proximités qui, d’un réseau à l’autre, permettent d’identifier les métiers communs de demain. L’Aten s’est donc attelé à produire un répertoire commun des métiers des gestionnaires des espaces naturels. Celui-ci constitue un cadre descriptif commun, rigoureux, auquel tout un chacun peut aujourd’hui se référer. Il permet de surcroît de faire reconnaître la spécificité et la richesse des métiers de la nature auprès du public et des organismes de l’emploi et de la formation. Il est, par exemple, susceptible de faciliter l’intégration des fiches métiers dans les répertoires institutionnels comme celui du Centre national de la fonction publique territoriale ou encore dans le Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) de l’ANPE.

Décrire les savoirs

Le cadre choisi pour créer ce répertoire s’inspire du schéma de description du Rome avec la description des activités et des compétences associées (savoirs) distinguant :

  • les savoirs formalisés (connaissances, techniques, méthodes, outils, bref tous les contenus bien cernés et donc facilement transmissibles, particulièrement utiles pour construire les contenus de formation) ;
  • les savoirs de l’action (acquis de la pratique, souvent difficiles à formaliser et à transmettre, très utiles pour le tutorat, le recrutement - identifier les expériences intéressantes).

Un cheminement étape par étape

Une dizaine de personnes appartenant aux différents réseaux se sont mobilisées pendant près d’un an pour élaborer le répertoire ; elles ont dû, d’ailleurs, bénéficier au préalable d’une formation ad hoc. La démarche fut parfois fastidieuse. Elle est le fruit d’un cheminement pas à pas qui a nécessité : la lecture des fiches des répertoires existants, la comparaison point par point des fiches pour repérer les possibilités d’agrégation (c’est-à-dire le regroupement de métiers), le repérage des activités communes, ou moins communes, des métiers ainsi identifiés, l’inférence des compétences associées…

S’en servir au quotidien

Aujourd’hui, le répertoire est un moyen au service des structures avec des usages potentiels variés. On peut ainsi, à partir de cet outil, rédiger une fiche de poste, élaborer un parcours de formation pour un nouveau collaborateur, repérer les savoirs qui risquent d’être perdus avec le départ d’un collaborateur de longue date ou encore (mais la liste n’est pas exhaustive) monter une formation.

Le répertoire est également un formidable outil de compréhension du marché du travail pour les collaborateurs des structures. Ainsi, par exemple, puisqu’il permet d’identifier précisément les compétences généralement associées à un métier, il peut constituer une aide à la préparation de la valorisation des acquis de l’expérience (VAE). Ce peut être également une aide à l’orientation personnelle.

Vers un mode partagé

Un pas de plus sera prochainement franchi avec l’élaboration du dictionnaire des compétences. Il répondra au besoin de se renseigner sur les compétences nécessaires à l’occupation d’une fonction et, également, sur les moyens de développer celles-ci et sur les ressources mobilisables pour ce faire.

Dans un premier temps, cet outil devrait être utilisé par l’Aten pour élaborer et préparer des formations adéquates. Il devrait par la suite, être rapidement accessible à tous et même, à terme, évoluer vers un mode partagé du type Wikipédia. Les perspectives pour le développement et le partage des compétences sont largement ouvertes. ?

ISABELLE RAMBAUD-CARRASSUS - ADVISEA CONSEIL